« Bon courage » ou le naufrage de la motivation au quotidien

Est-ce si difficile d’affronter la vie chaque journée qu’il faille être armé de courage avant même d’avoir combattu?

Devant la multiplication ces dernières années des salutations ponctuées de « bon courage! », je partage mon constat.

Que ce soit ce parent qui souhaite un « bon courage! » à son enfant en le laissant devant l’école le matin, ce/cette collègue croisé(e) dans un couloir ou à la machine à café qui ponctue la discussion d’un « bon courage! » ou le manager qui conclut sa réunion d’un « bon courage! » à ses collaborateurs, il semble que le simple fait de vivre sa journée soit devenu ces derniers temps une véritable épreuve.

Nous partageons une vision universelle du courage. Une vertu qui permet d’affronter ses peurs et de tenter de surmonter les grandes difficultés (sans garantie de réussite ceci soit rappelé).

Et c’est ainsi que, « bon courage » après « bon courage », nous induisons auprès de notre inconscient, que nous en soyons l’émetteur ou le récepteur, la perception que la journée, la réunion, le week-end en famille, va être une épreuve.

Que de courage nécessaire à cet élève, tel Saint Michel devant le dragon (toujours sympa pour l’enseignant), qui va à l’école, apprendre et jouer avec ses copains…

Que de courage nécessaire à cette collègue qui, comme vous, affronte la reprise du lundi matin ou tout autre dossier du jour…

Que de courage nécessaire à vos collaborateurs pour atteindre les objectifs (ad priori irréalisables?) que vous leur avez fixés…

Que « bon courage » soit émis par habitude, par mimétisme ou par sympathie, il distille une vision finalement peu encourageante des moments à venir. Jour après jour, il sape la motivation, le plaisir, en parlant ainsi à notre inconscient : « ah, ça va être dur, tu vas avoir peur, tu vas affronter de grandes difficultés, et tu n’es même pas sûr de réussir. Pauvre de toi! » Car mobiliser son courage nécessite beaucoup d’énergie et de puiser dans ses ressources. A la longue, même si c’est par petites touches, insconsciemment, certaines personnes peuvent ressentir de l’épuisement moral et physique. Somme toute, les journées sont longues, emplies de craintes et de doutes, non?

Bref, sans vouloir dramatiser mais simplement mettre sur la table de nos échanges l’importance que revêtent les mots et les messages que nous employons, je vous invite dès la fin de la lecture de ce post à dire non au « bon courage! ».

Si vous le dites, cessez. Redonnez-lui sa juste place, adressé aux personnes qui en ont réellement besoin et qui vont affronter de grandes difficultés (nous pourrions bien sûr évoquer la perception que nous avons de ce qu’est une grande difficulté mais, en attendant cela, je vous propose l’acceptation communément admise).

Si vous le recevez, exprimez calmement à votre interlocuteur que « c’est gentil mais tu sais, je n’ai pas besoin de courage pour faire ce que j’ai à faire aujourd’hui. C’est mon job après tout, je ne suis pas Jeanne d’Arc devant les troupes anglaises ».

Ensemble, revenons à ce bon vieux « bonne journée!« , suffisamment positif et élastique pour que chacun y trouve son compte. Et laissez le charme agir… Insidieusement, inconsciemment, le moral et la perception du quotidien s’amélioreront. Dire « bon courage » stimule la petite mine abattue, vous savez celle avec la tête légèrement inclinée et l’oeil un peu triste. Souhaiter une « bonne journée » entraîne le sourire, le ton affirmé, la lueur vive dans le regard.

Alors, que vous vous reconnaissiez ou non dans mes légères exagérations de forme, retenez le fond et souhaitons-nous avec « bonne journée » un univers de possibles positifs. Individuellement et collectivement, nous n’en irons que mieux!

Allez, sur ce, bonne journée à toutes et à tous!

Elodie Sutra

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4 Responses

    • Dear friendly reader,
      It’s such a pleasure to read your enthousiastic comment !
      I will be back on my blog very soon and I hope you will be satisfied.
      Have great times
      Elodie

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